lundi 29 janvier 2007

N° 22 - Le pays dont président est un violeur

Il s’appelle מֹשֶׁה קַצָּב et il est né le 5 décembre 1945 à Yazd, en Iran. Il a grandi à Téhéran et a émigré avec sa famille en Palestine occupée en 1951. « Ma famille a vécu pendant 2500 ans en Iran. Nous avons acquis la culture perse et nourrissons dans notre cœur des sentiments très intenses pour son histoire et sa culture », aurait-il affirmé en 2003 lors d'un échange radiophonique avec des Juifs iraniens. D'ailleurs, la majorité des membres de sa famille sont aujourd'hui enterrés en Iran.
Il y a quelques années, alors qu’il débarquait à l’aéroport John Fitgerald Kennedy, la police US l’a retenu pendant quelques heures et a envisagé de le renvoyer d’où il venait, vu que sa naissance en Iran, célèbre « État-voyou », était mentionnée sur son passeport. Puis l’affaire s’est arrangée quand le FBI a compris qu’il avait affaire au « Président ». Président de quoi, au fait ? Pas de la république, puisque le pays dont il est le président n’a pas de forme définie par une constitution, vu qu’il n’a pas de constitution.


Moshé Katsav est donc « Président de l’État d’Israël », selon son titre officiel. Un Président bien à l’image de l’État qu’il préside, construit sur le viol d’une terre et de tout un peuple.


Moshé Katsav est « suspendu temporairement » à sa demande pour une période de trois mois depuis le 25 janvier 2007. Une commission spéciale du parlement israélien, la Knesset, a accepté sa demande de suspension. Moshé Katsav, dont le mandat présidentiel finit en juillet prochain, n’a pas l’intention de démissionner. C’est un dur.
Un dur et un étalon. Les crimes et délits qui lui sont reprochés et viennent de lui valoir une inculpation ne sont pas bénins et n’ont rien à voir avec les affaires du Bureau ovale de la Maison blanche (après tout Monica Lewinsky, l’amatrice de cigares, était consentante).
En 2006, Moshe Katsav est accusé de viol sur une ancienne employée qui affirme avoir été forcée par le président à coucher avec lui, si elle ne voulait pas être licenciée. Il est également accusé d'avoir accordé des grâces privilégiées à certains condamnés liés à ses amis politiques. L'entourage de Moshe Katsav a rejeté ces accusations et certains députés du Likoud, son parti, ont émis l'hypothèse d'un complot « visant à dénigrer le Président.» Moshe Katsav a porté plainte pour chantage, contre son ancienne employée. Une enquête policière est ouverte en juillet 2006.
Résultat de l’enquête : deux femmes déclarent avoir été violées par lui, et huit autres avoir été harcelées sexuellement, mais les plaintes de cinq d’entre elles ont été rejetées, les faits étant prescrits. Les viols n’ont pas été commis par Katsav en tant que Président, mais alors qu’il n’était que ministre du tourisme, en 1998 et 1999, alors que les harcèlements l’ont été en 2003 et 2004, lorsqu’il était le magistrat suprême du pays. Katsav risque de 3 à 16 ans de prison.
L’intéressé, faisant preuve de la plus pure « chutzpah » (culot), s’est défendu comme un beau diable, hurlant au complot « maccarthyste » (ce qui est pour le moins bizarre, vu qu’il n’est pas accusé d’être communiste) et se comparant au capitaine Alfred Dreyfus (encore une confusion des genres).
En janvier 2007, 30 députés de la Knesset signent une pétition demandant le départ du président. Le Procureur général Menachem Mazuz annonce son intention de poursuivre Katsav pour viol, obstruction à la justice et fraudes le 23 janvier et le lendemain, le premier ministre Ehoud Olmert demande à Katsav de démissionner. Katsav demande sa suspension temporaire le 25 janvier et la suspension est acceptée par une commission spéciale du Parlement pour une période de trois mois. La présidente du Parlement Dalia Itzik devient présidente par intérim. Pendant sa suspension, Katsav garde son immunité pénale. Pour obtenir son « impeachment », il faudrait que 90 des 120 membres de la Knesset le votent, ce qui ne risque pas d’arriver. Le seul parti qui fasse ouvertement campagne pour cette « solution » est le minuscule parti sioniste laïc de gauche Meretz.
Chaque pays n’a finalement que les présidents qu’il mérite. Après le violeur Katsav, Israël devrait avoir comme prochain président le Prix Nobel Shimon Pérès, 83 ans, grande figure du « sionisme à visage humain ». Pérès n’a à ma connaissance violé personne. Il est seulement le père de la bombe atomique israélienne, organisant dans les années cinquante le transfert de la technologie nucléaire française vers le centre de Dimona, dans le Néguev, depuis un bureau mis gracieusement à sa disposition au Quai d’Orsay par le gouvernement Bourgès-Maunoury. Et personne ne va l’inculper pour ça, quand même ! Il faut bien ce qu’il faut pour « défendre-le-droit-à-l’existence-de –la-seule-démocratie-du-Moyen-Orient ».
Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

lundi 15 janvier 2007

N° 21 - Le bestiaire sarkozyen

Coq de combat

Je laisse cette semaine la parole à l’ami François Costes, qui nous a concocté un petit bestiaire sarkozyste. Ce sera mon hommage au candidat investi par 98,1% de 69% des membres de l’UMP (l’Union Mal partie) pour l’investiture à la magistrature suprême de la République française, cinquième du nom.

Coq de combat, corbeau, roquet gréco-hongrois, orfraie, pygargue vulgaire, vache, caméléon berlusconien, brebis galeuse, coco, rat mort, sardine, caniche de la Maison Blanche...


LE COQ DE COMBAT THE FIGHTING COCKEREL


Démagogue, à la recherche de la bonne image pour les journaux télévisés, [Nicolas Sarkozy] se risque même à prononcer quelques mots en créole, en allusion à l'annulation de son voyage en décembre 2005. Traduction : "On dit de moi que j'ai fui. Le coq de combat ne fuit pas. Je suis ici parmi vous." Il répète à l'envie qu'il se sent "Martiniquais de coeur", cite le général de Gaulle : "La politique la plus ruineuse est celle qui consiste à être petit." Le Monde (France) P. Ridet 12 mars 2006


LE CORBEAU THE CROW
LE ROQUET GRECO-HONGROIS THE HUNGARIAN BARKER

Depuis qu'il a appris, à l'été 2004, qu'un "corbeau" l'avait placé sur une liste de personnalités supposées détenir des comptes occultes à l'étranger, envoyée aux juges, Nicolas Sarkozy (...) [accuse] Dominique de Villepin d'avoir, au minimum, cherché à exploiter l'affaire pour le déstabiliser. (...) Villepin, alors directeur de cabinet du ministre des affaires étrangères Alain Juppé, observait Sarkozy de son bureau du Quai d'Orsay, bien décidé à faire mordre la poussière à celui qu'il appelait "le roquet".

Le Monde (France) R. Bacqué et P. Ridet 02 mai 2006


L'ORFRAIE (LE PYGARGUE VULGAIRE) THE WHITE-TAILED EAGLE

Quand un chef d'Etat africain (...) ose seulement critiquer la nouvelle marotte sarkozienne, le mirobolant ministre de l'Intérieur, avec son insolence habituelle, voit rouge et pousse des cris d'orfraie.

L'espace nouveau (Sénégal) Barka Bâ Mai 2006


LA VACHE THE COW

Le président PS de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, avait dénoncé plus tôt un acte "révoltant, à la limite du gangstérisme", et un Etat "absent". "M. Sarkozy est au cul des vaches en Lozère, M. de Villepin s'occupe de faire filmer les Conseils des ministres par la télévision et M. Chirac fait le VRP en Chine et pendant ce temps-là, on sait qu'il peut y avoir des ennuis très graves en banlieue et ce qui arrive à Marseille était prévisible", a-t-il accusé sur France Inter.

Le Monde (France) / AFP 20 octobre 2006


LE CAMELEON BERLUSCONIEN THE BERLUSCONIAN CHAMELEON

S'exprimant devant quelque 2.200 militants socialistes réunis pour un meeting à Cergy (Val-d'Oise), Dominique Strauss-Kahn a lancé : "Sarkozy est un caméléon", "un thatchérien, un berlusconien, un bushiste qui aime à s'habiller de l'uniforme atlantiste". Le Figaro (France) / AFP 12 novembre 2006


LA BREBIS GALEUSE THE BLACK SHEEP

Le président de l'UMP, qui a dit "ne pas avoir été invité" au déplacement de Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie à Colombey-les-Deux-Eglises, a cité à plusieurs reprises le général de Gaulle dès le début de son discours [à Saint-Etienne].

Le Figaro (France) 09 novembre 2006

LE COCO THE COCO LE RAT MORT THE DEAD RAT


Il m'a dit : 'Ecoute Coco, t'avais envie de le faire, tu l'as fait, t'as bien fait''". Pour Johnny Hallyday, pas de doute, le président de l'UMP soutient pleinement son exil fiscal. Dans un entretien à l'hebdomadaire Le Matin Dimanche, le 24 décembre, le chanteur estime que la polémique provoquée par son départ pour la Suisse "ne fait pas de mal" à Nicolas Sarkozy. Installé depuis mercredi dans son chalet de Gstaad, une station de ski huppée de l'ouest du pays, Johnny Hallyday maintient son soutien au candidat à l'investiture UMP. (...) "Hallyday voulait la paix, il l'aura, royale et mortellement ennuyeuse", écrit l'hebdomadaire, soulignant le caractère "authentique" mais "minuscule" de la station de la Suisse alémanique, située à 1 050 mètres d'altitude. "Johnny va s'ennuyer comme un rat mort", prédit le rédacteur en chef du Matin de Lausanne dans le JDD. Le chanteur jure qu'il ne s'ennuira pas et que Genève n'est pas si loin "quand on a envie de s'amuser".
Le Monde (France) / AFP 24 décembre 2006


LA SARDINE THE SARDINE


Philippe Ridet : "Le premier ministre [Dominique de Villepin] raille les ralliements, qu'il compare à un alignement de "petits pois et de sardines". Vous sentez-vous visé ?"Jean-Pierre Raffarin : "Je n'ai pas le gabarit des uns ni des autres... En outre, je fais simplementremarquer que je me suis engagé au côté de Nicolas Sarkozy avec plus de 140 parlementaires. Et sur une plate-forme politique qui est celle de l'humanisme social et européen. C'est ma conception de la diversité dans l'unité."
Le Monde (France) P. Ridet 11 janvier 2007


LE CANICHE DE LA MAISON BLANCHE THE WHITE HOUSE POODLE

M. [Laurent] Fabius s'en est violemment pris à Nicolas Sarkozy, un "réactionnaire", un "homme dangereux, mais le danger est encore plus grand lorsqu'il est assorti de talent et de moyens financiers et médiatiques considérables". "Je me battrai de toutes mes forces pour que n'accède pas à cette plus haute charge quelqu'un dont la vision des choses est 'marche ou crève'", a lancé M. Fabius, pour qui il ne faut pas à la tête de la France "quelqu'un qui se fixe comme programme d'être le futur caniche du président des Etats-Unis".

Le Monde (France) / AFP 16 septembre 2006

Coq gaulois

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

lundi 8 janvier 2007

N° 20 - Somalie, Afghanistan d’Afrique

Mombassa, Kenya, janvier 2007 (Kayman Press Service) – L’hôtel Mombassa Paradise, de propriété israélienne, a servi de cadre à un congrès inhabituel durant ces derniers jours. En l’absence des habituels touristes israéliens, qui avaient tous été évacués, cet hôtel a en effet été réquisitionné pour héberger l’assemblée générale de fondation d’une nouvelle ONG internationale, WSF, Warlords sans frontières. En présence de délégués de 37 pays et régions d’Asie et d’Afrique, le conseil d’administration a été élu à l’unanimité. Ce Conseil a la particularité de compter non pas un mais cinq présidents tournants.
En effet, les congressistes n’ont pas pu se mettre d’accord, au terme de deux nuits et d’une journée de débats, sur un président unique, chacun des candidats voulant être président. Les cinq heureux élus sont donc : Abdul Rachid Dostom (Afghanistan), Hamid Karzaï (Afghanistan), Massoud Barzani (Irak), Jalal Talabani (Irak) et Hussein Mohamed Farah Aidid (Somalie). C’est ce dernier qui exercera les premiers six mois de présidence. Le congrès a ainsi voulu rendre hommage à la récente victoire de ses forces, qui viennent de prendre le contrôle de Mogadiscio après avoir mis en déroute les troupes du Conseil suprême des tribunaux islamiques, avec l’aide de l’armée éthiopienne et le soutien logistique et tactique de l’US Army, qui entraîne des soldats éthiopiens depuis plusieurs mois et fournit à l’armée d’Addis Abeba les renseignements nécessaires.
La nouvelle ONG, qui se présente comme « humanitaire » a affirmé dans sa déclaration préliminaire vouloir « instaurer une démocratie inspirée de la constitution américaine » dans les pays où elle est représentée, en « combattant le terrorisme et la subversion sous toutes leurs formes, mais en particulier islamiste. » Le Congrès avait été sponsorisé par les firmes Halliburton, UNOCAL, Bechtel, Uzi et Beretta. L’entreprise russe Kalachnikov avait décliné l’offre des organisateurs de s’associer à l’événement. Outre les congressistes, des observateurs de 13 pays avaient été invités, notamment d’Algérie, du Congo, de Colombie, d’Indonésie et des îles Fidji. Deux ambassadeurs en poste à Nairobi, celui des USA et celui d’Israël, ont suivi l’ensemble des travaux.
Pour la soirée d’inauguration du congrès, les participants ont assisté à la projection de l’inoubliable chef d’œuvre de Ridley Sott, Black Hawk Down (La chute du Faucon noir), qui relate les mésaventures des Marines US à Mogadiscio en 1993.
KPS présente à ses lecteurs le premier président tournant de WSF, le sympathique Hussein Mohamed Farah Aidid, vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur du Gouvernement fédéral de transition somalien.

L’homme aux deux passeports
Il est le moins inconnu des nouveaux « maîtres » de Mogadiscio. Hussein Mohamed Farah Aidid est devenu célèbre en 1993 alors qu’il était membre du corps des Marines et engagé dans l’opération Restore Hope de l’US Army en Somalie. Étant l’unique militaire US à parler somali, ses services de traducteur-interprète étaient fort sollicités, notamment pour les tractations avec son père, le général Farah Aidid, qui combattait alors l ’intervention US. Le général avait été le chef des services de renseignement du dictateur Siyad Barré, déchu en 1991, qui l’avait fait emprisonner sous l’accusation de préparer un complot contre son régime.
Réfugié avec sa mère en Californie à l’âge de 14 ans, le jeune Hussein s’était « naturellement » engagé dans les Marines en 1987 et avait participé à la première Guerre du Golfe, ce qui lui avait valu de se voir octroyer généreusement la citoyenneté US en 1991. Après sept ans de bons et loyaux services, il était retourné dans le civil en Californie. Mais les liens claniques sont plus forts que tout. Après la mort de son père en 1996, il retourne en Somalie où il prend la tête de l’Alliance nationale somalie, alliée au Congrès somali unifié de son père, les deux organisations étant des émanations du sous-clan des Habr Gedir du clan Hawiyé dont son père était le chef.
Puis Hussein devient vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur dans le Gouvernement fédéral de transition (GTF), un gouvernement fantôme mis en place par la « communauté internationale » (entendez les les USA et l’Éthiopie) et siégeant entre Nairobi et Baidoa. Le GTF est présidé par Abdullahi Yusuf Ahmed et son Premier Ministre est Ali Mohamed Gedi.
Résultat de compromis entre la « communauté internationale » et une série de seigneurs de guerre, le GTF n’était rien et n’existait que sur le papier, dans quelques hôtels de luxe kényans et dans des villas décrépites de Baidoa. Mais le temps, Oncle Sam et Tonton Meles travaillaient pour lui.
Tonton Meles, c’est l’inamovible Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, qui est devenu l’homme-clé de la stratégie US dans le Corne de l’Afrique. Ce qui est assez comique quand on se souvient que le même Zenawi était au départ le chef d’un groupuscule maoïste pro-albanais qui combattait le régime du colonel Mengistu, pro-soviétique, au nom de la pureté des idéaux marxistes-léninistes. Puis son Front de libération du Tigré, dûment appuyé et cornaqué par les USA, avait fini par prendre le pouvoir à Addis Abeba.
Une préfiguration de ce qui allait se passer quelques années plus tard au Kosovo, où l’UCK, créée au départ par des partisans du Guide suprême albanais Enver Hodja, finit par jouer le rôle de force supplétive de l’OTAN dans la « libération » du Kosovo de l’emprise serbe. Ou de ce qui allait se passer en Irak, où les Warlords kurdes Talabani et Barzani, fortement soutenus depuis longtemps par Israël dans leur combat contre Bagdad, ont fini par devenir les supplétifs des envahisseurs US.
À un ambassadeur qui lui faisait remarquer que le dictateur de Saint-Domingue, Trujillo, était un « nazi », le président US Truman avait répondu : « Oui, mais c’est notre nazi. »Bush pourrait de même dire : « Oui, mais ce sont NOS warlords .»

Plus besoin de passeport somalien
Ainsi donc, les Éthiopiens et leurs supplétifs somaliens ont « libéré » Mogadiscio des tribunaux islamiques, présentés par la propagande US et éthiopienne comme d’horribles Talibans liés à Al Qaïda. Les tribunaux islamiques ne sont sans doute pas des anges, mais de l’avis général, ils ont permis à la population de Mogadiscio de respirer et de retrouver un minimum de sécurité, après une quinzaine d’années de règne des warlords, dont l’occupation préféré des miliciens sous leurs ordres était de racketter les gens et de violer les femmes et les jeunes filles. Tous les commentateurs un tant soit peu objectifs se sont accordés à le reconnaître.
Devant l’offensive éthiopienne de décembre, les combattants des tribunaux islamiques ont appliqué une règle d’or de la guérilla : lorsque l’ennemi attaque massivement, il faut se disperser et se regrouper ailleurs pour attendre de bonnes occasions de repartir à la contre-offensive. C’est ce qu’ont fait les Talibans en 2001-2002 et les Iraquiens en 2003.
Bref, les Somaliens n’ont pas de quoi se réjouir, même s’ils ont pu se remettre à brouter du khât, l’équivalent local de la feuille de coca, qui provoque un état de léthargie légèrement euphorique. Interdit par les tribunaux islamiques, le khât est de nouveau disponible sur les marchés de Mogadiscio. Tout comme l’opium à Kaboul.
La population civile de Mogadiscio n’a d’ailleurs pas tardé à manifester son hostilité aux occupants éthiopio-somaliens, qu’elle perçoit à juste titre comme une force étrangère d’occupation, dès le lendemain de l’entrée des troupes éthiopiennes dans la capitale martyre.
Les Somaliens ont de quoi s’inquiéter pour l’avenir de leur nation. Illustration de cette affirmation : les déclarations incroyables de Hussein Mohamed Farah Aidid à l’issue d’une rencontre avec les chefs de clans à la Villa Somalia (anciennne résidence présidentielle bien décrépite à Mogadiscio), le 2 janvier : « 60% des 2 millions de réfugiés somaliens vivent en Éthiopie et utilisent déjà des passeports éthiopiens. L’Éthiopie et la Somalie ont 2000 kilomètres de frontières communes. Les deux fleuves Shabelle et Jubba qui coulent en Somalie viennent d’Éthiopie. Maintenant il nous faut éliminer les frontières entre nous car nous sommes frères et nous utiliserons un seul passeport. » Il ajouté que l’Éthiopie était le seul pays à s’être soucié de la Somalie et à vouloir y établir un État « alors que nous étions abandonnés de tous ». Et il a cité l’exemple de la réconciliation franco-allemande après 1945.
Petit détail qu’il oublie dans sa comparaison boiteuse : lorsque l’Allemagne et la France se sont réconciliées, l’armée allemande n’occupait plus la France. Et la France n’avait pas un ministre de l’Intérieur doté d’un passeport allemand et d’un passeport US…

Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !

Note linguistique : pour ceux qui l’ignoreraient, warlord signifie seigneur de guerre. Le nom Hussein Aidid s’écrit en anglais Hussein Aideed et en somali Xusen Caydid, selon la transcription en caractères latins instaurée à l’époque du « socialisme somalien » par Siyad Barré sur le modèle de la Turquie de Kemal Atatürk.